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Page:Maxine - Moment de vertige, 1931.djvu/127

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MOMENT DE VERTIGE

d’ennui… de découragement, même… Personne cependant, ne l’entendit se plaindre, mais une page de son journal révélait parfois ses souffrances morales…

« Sauf mes soirées où je me retrouve moi-même, écrivait-elle un jour, ma vie depuis des mois, quel désert ! Les jours gris et ternes, sans perspective différente, en sont bien le sable uniforme et blafard que l’on aperçoit à perte de vue !… Les petites envolées de fin de semaine, les sorties spécialement belles, ce sont les oasis où l’on se repose du sable brûlant… Les sources rafraîchissantes sont les marques d’amitié… une parole réconfortante… ou une lettre que le facteur apporte le matin et que l’on garde toute la journée dans sa sacoche… Le mirage, c’est l’espérance de jours plus fortunés, mirage qui nous leurre chaque jour davantage, et malgré soi on se prend à voir sous de belles couleurs, un avenir incertain… Les manques d’égards, les impatiences, les accès d’humeur où déteint si vite le manque d’éducation… tout cela c’est le simoun… le sirocco du désert, qui donne des désespoirs insensés et de folles idées de délivrance… »

Ainsi parlait parfois le journal de Marthe, mais sa vaillante jeunesse reprenait vite le dessus et elle se retrouvait le lendemain, pleine de courage et de vivacité.

Marthe devenait moins pieuse qu’autrefois. Bien