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MOMENT DE VERTIGE

nombreuse clientèle ? Non ! Il ne pouvait être un arriéré !… Et elle-même ? Il fallait donc que ce fut vieillot et peu moderne d’avoir consacré sa vie à ce qu’elle aimait le plus au monde… son mari, ses enfants, son foyer ? Non ! Non ! Cent fois non ! Quelle bonne vie que la leur ! La seule vraie !… Marthe s’en apercevrait un jour. Mais il ne fallait pas trop heurter les idées de sa fille, et en femme d’esprit autant que de devoir, elle cherchait à se mettre au courant des questions du jour et à comprendre la mentalité différente et les aspirations nouvelles de la jeunesse moderne.

À cause de ses enfants, elle ne voulait pas se laisser vieillir moralement ; pour son mari, Madeleine savait qu’elle serait toujours telle qu’il la voulait, car leur amour subissait sans broncher l’épreuve des années. Malgré certains ennuis inévitables et quoique jamais riches, ils furent toujours très heureux et très unis.

Lorsqu’elle parla au docteur des idées de Marthe, il haussa les épaules en souriant :

— Ne te monte pas la tête pour rien ! À son âge, tu comprends, on croit tout savoir !… Ça se passera !

— Tu es si absorbé par tes affaires, tu ne t’aperçois pas…

— Au contraire, je me rends bien compte, depuis quelque temps, qu’elle ne pense pas comme nous,