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MOMENT DE VERTIGE

mais il se trouve sur mon chemin… Mais, vous, ma pauvre chérie, qu’allez-vous faire ?

— Je n’y ai pas songé ! dit-elle amèrement.

— Alors, c’est à moi d’y songer pour vous ! Marthe, le sort a décidé pour nous ! Vous ne pouvez rester ainsi à la merci de gens comme ça ! Partez avec moi, ce soir ! En arrivant à New York, je vous épouserai et nous partirons ensemble pour l’Europe ! Oh, petite aimée, j’en serai heureux !

Pendant plus d’une heure il parla, plaida, supplia… à la fin, Marthe énervée et encore sous le coup de son émotion du matin, prise aussi d’un immense désir d’avoir la sécurité de la fortune, et souffrant atrocement à la pensée d’avoir à subir encore les déboires qu’amène presque toujours la pauvreté, se vit en esprit riche… indépendante… aimée…

— André, fit-elle conquise, je ne suis pas prête… je n’ai pas ce qu’il me faut !

— Je me charge de tout ! Ne serez-vous pas ma femme dans vingt quatre heures ? Et quel bonheur pour moi de pouvoir vous donner ces choses !

— Mais que dira Jacques ?… Que diront nos amis ?… Partir ainsi, pas mariés !

— Écoutez, Marthe. Je vais retenir le salon pour vous toute seule, et je vous donne ma parole d’honneur que vous y serez absolument comme si vous voyagiez, par hasard, sur le même train que