Marcelline entra, les yeux rougis par les larmes, son honnête figure exprimant la sympathie et l’inquiétude :
— Faut venir prendre une bouchée de dîner ! dit-elle ; m’sieur Noël, ces enfants là, ça pas mangé de la journée ! Y vont s’rend’e malades à leu’ tour !
— Allez donc prendre quelque chose, dit Noël doucement, je reste auprès de votre père et voyez, il le désire lui-même ! ajouta-t-il, montrant le malade.
En effet le docteur articulait faiblement : Faut… dîner…
Comme à regret, ils sortirent de la pièce. Noël demeura seul avec le mourant.
— Approche ! articula faiblement celui-ci, le curé ?…
— Il sera ici dans dix minutes, dit Noël avec douceur. Il est venu ce matin et encore vers midi… mais vous reposiez.
— Noël… mes pauvres petits… pas de moyens… trop subitement… balbutia-t-il ; des mots incohérents et sans suite suivirent ces quelques phrases intelligibles et Noël s’aperçut que son expression devenait angoissée ; alors, se penchant au-dessus du moribond, il lui dit lentement et distinctement :
— Monsieur Beauvais, je sais que vous me comprenez bien, quoique vous ayiez peine à parler. Si cela peut vous faire du bien sachez que je n’ou-