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Page:May - Les Pirates de la Mer Rouge, 1891.djvu/102

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sur les bords du nil

— Ah ?

— Oui, depuis hier elle mange mieux.

— À-t-elle parlé à la femme qui la soigne ?

— Oui, et presque gaiement.

— Très bien ! peut-être sera-t-elle complètement guérie en moins de cinq jours.

— Aujourd’hui même, ce matin, elle a un peu chanté.

— Très bien ! je la guérirai plus facilement. »

Il me conduisit de nouveau dans l’antichambre où j’avais dû l’attendre la veille. Je recommençai mon inspection, mais d’une manière plus attentive.

La pièce n’avait point de fenêtres ; d’étroites ouvertures donnaient sur cette espèce de construction grillée, qui déjà avait frappé mes regards dans la cour. Cette grille en bois, fort épaisse du reste, se fermait en dehors par une longue bande passée plusieurs fois dans des œillères. Je retirai cette bande et la cachai en dedans, contre le grillage. Mon opération était à peine terminée, qu’Abrahim rentra accompagné de Sénitza.

Je commençai mes questions, tout en jouant avec mes doigts et faisant briller l’anneau du jeune marchand. A un certain moment cet anneau s’échappa fortuitement de mes mains et alla rouler sur le pan du vêtement de la jeune malade. Celle-ci s’empressa de me le ramasser.

Mamour lui arracha aussitôt l’anneau ; il me le rendit, mais elle avait eu le temps de le reconnaître ; un tressaillement léger et un mouvement de la main vers le cœur me le prouvèrent. Je n’avais plus rien à faire dans celle maison pour l’instant ; je me levai gravement.

Abrahim me demanda comment je trouvais la malade.

« Dieu est puissant, répondis-je, il aide parfois les siens plus tôt qu’ils ne l’ont espéré. S’il lui plaît que cette jeune femme soit guérie demain, je n’en serais pas étonné. Qu’elle prenne la médecine que je vais lui envoyer et qu’elle attende en paix mon retour. »

Ce jour-là, il fut impossible à la prisonnière de me dire une seule parole.

En rentrant dans le sélamlik, je retrouvai Halef avec ma pharmacie et j’envoyai à la malade une dose de sucre en poudre, pour laquelle le petit Agha reçut encore un riche pourboire ; après quoi, nous nous éloignâmes.