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Page:May - Les Pirates de la Mer Rouge, 1891.djvu/128

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sur les bords du nil


à l’officier de police, ou bien lui fera présent d’un de ses riches anneaux, et on le laissera courir.

— Tiendrais-tu à le voir puni ?

— Non ; j’ai retrouvé Sénitza, que m’importe le reste !

— Et Sénitza, en veut-elle à cet homme ?

— Oh ! Effendi, il m’a rendue bien malheureuse, mais ce temps est passé, je ne m’en souviens plus. »

J’appelai Abou el Reïsan, lequel déclara n’avoir nulle envie de poursuivre l’affaire et s’estimer très heureux de garder sa peau sans écorchure. Après cela, j’allai faire la reconnaissance des lieux.

Décidément, personne pour nous garder. Je parvins sans la moindre difficulté à la porte donnant sur la rue. On était au milieu du jour, par la plus forte chaleur ; personne dans les rues : une vraie ville déserte.

Il me parut clair que le Zablié-bey ne désirait rien tant que notre évasion. Je rassemblai mes compagnons ; nous délibérâmes, puis nous sortîmes l’un derrière l’autre, sans nous presser. Personne ne sembla s’en apercevoir. Personne, toujours personne !

Notre dahabïe était entrée dans le port, et personne ne la gardait. Un amateur de feuilles de séné la pillait à son aise. Du sandal, aucune trace. Le digne Khalid ben Mustapha, plus expérimenté que moi sur la manière de rendre la justice en Egypte, avait compris à demi-mot et savait agir. Mais Abrahim, où était-il ?

Cette question me préoccupait. Je me disais que cet homme ne me tenait pas quitte, et que je le retrouverais un jour sur mon chemin. Les fiancés n’y songeaient guère.

La dahabïe eut bientôt levé l’ancre. Elle se trouvait un peu endommagée, mais nous n’avions plus de rapides à passer, et nous pouvions continuer notre route sans inquiétude.