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les pirates de la mer rouge

— Oui.

— Ne serais-tu point un pacha ?

— Non.

— Mais tu es un homme marquant ?

— Je le crois bien !

— Tu sais écrire ?

— Admirablement !

— Tu sais tirer ?

— Encore mieux.

— Tu vas à Tor avec ce sambouk ?

— Oui.

— Tu t’avanceras ensuite vers le sud ?

— Oui.

— Connais-tu les Anglais ?

— Oui.

— As-tu des amis parmi eux ?

— Oui.

— Très bien. Es-tu fort ?

— Korkulus ! terriblement fort, fort comme un lion ! Faut-il te le prouver ?

— Non, Effendi.

— Cependant ta curiosité est plus grande que la patience d’un homme ordinaire ; allons, retire-toi et laisse-moi en paix. »

Je le poussai un peu rudement ; il faillit tomber, mais se releva aussitôt en criant :

« Malheur à toi ! tu as offensé un croyant, tu vas mourir. »

Il s’ensuivit un vacarme et une bagarre des plus confuses. Halef s’élança bientôt à mon secours avec son fouet ; mais, au milieu du bruit, la porte du pavillon s’ouvrit, une des femmes voilées s’avança vers nous. Elle fit un signe de la main, aussitôt les deux Arabes cessèrent leur attaque ; ils s’éloignèrent en me jetant un coup d’œil de haine et de rancune.

Les Turcs avaient été spectateurs fort indifférents de notre querelle ; nous nous serions assommés que pas un n’eût bougé.

Je me rassis, un peu contrarié de mon premier mouvement d’impatience. Cet homme m’avait ennuyé avec ses questions ; je me demandais pourtant si, tout inutiles qu’elles m’avaient paru, elles n’avaient pas un but. Les Orientaux ne sont point bavards ;

Les Pirates de la mer Rouge.
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