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Page:May - Les Pirates de la Mer Rouge, 1891.djvu/226

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les pirates de la mer rouge

— Je l’ignore ; Abou Self est un hardi coureur. Lorsque nous sommes sortis, il avait disparu. Si on ne peut l’atteindre, il faudra décamper à l’instant. »

Quelques hommes revinrent bientôt sans nouvelles. La fille du cheikh les suivait, les narines dilatées, tout le corps frémissant de rage. Les guerriers se regardaient avec désappointement.

L’exiguïté du passage, pour sortir de la caverne, n’ayant permis aux Ateïbeh de n’avancer qu’un à un, Abou Seïf avait dû profiter de ce retard pour gagner la plaine, dans laquelle il se trouvait en pays de connaissance.

« Enfants ! dit le chef, que décidez-vous ? Levons-nous le camp tout de suite, ou bien sellez-vous vos chameaux pour courir sur les pas du fugitif ? Si vous décriviez un cercle aux environs, il lui serait difficile d’échapper à nos recherches.

— Poursuivons-le ! » s’écria aussitôt la fille du chef. Les autres furent du même avis.

« Bien ! reprit Malek, sellez vos bêtes et suivez-moi ; celui qui s’emparera du brigand, mort ou vif, sera largement récompensé. »

En ce moment Halef, qui rentrait tout haletant, s’avança vers le cheikh :

« C’est moi, dit-il, qui mérite la récompense. Là-bas gît le Père du Sabre ; il est frappé à mort.

— Où l’as-tu rejoint ?

— Seigneur cheikh, écoutez. Vous saurez que mon maître est fort savant en toutes sortes de combats ; il connaît aussi l’art de lire les traces des fuyards, et me l’a appris. Je puis retrouver l’empreinte des pas sur le sable, sur la terre, même sur la roche. J’étais le premier derrière Abou Seïf quand il s’échappa d’ici. Il courut d’abord vers la gauche en montant, puis descendit à droite ; après cela je ne le vis plus. Je pensai qu’il devait s’être caché derrière une pierre. Je me mis à sa recherche et le découvris. Nous luttâmes ensemble ; mais il était épuisé déjà, ce ne fut pas long : mon couteau le frappa au cœur. Venez, je vais vous montrer son cadavre. »

Tout le monde se précipita sur les pas de Halef ; ce fut avec des cris de joie féroce qu’on reconnut le corps.

Lorsqu’on rentra dans la caverne, le cheikh ordonna le silence et dit solennellement à Halef :