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Page:May - Les Pirates de la Mer Rouge, 1891.djvu/236

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une bataille au désert

Mon Anglais me conduisit immédiatement sur le port, où j’admirai son charmant petit yacht. Au bout d’une demi-heure, je demeurai convaincu que je ne pouvais trouver un compagnon de voyage plus utile à mes projets.

Il voulait absolument tuer des lions et toute sorte de bêtes féroces, visiter les adorateurs du diable, et surtout déterrer à Ninive un taureau ailé de dimension convenable, pour en faire cadeau au British muséum. Tout cela m’allait à merveille ; de plus, cet Anglais me semblait un parfait original et m’amusait fort.

Lindsay désirant que je ne retournasse pas prendre congé de mes Ateïbehj nous envoyâmes un courrier pour rapporter mes effets et prévenir Halef. Ce commissionnaire m’apprit, en revenant, que mon petit factotum était élevé à la dignité d’ambassadeur, et se disposait à partir afin de traiter de l’incorporation des Àteïbeh dans la tribu arabe des Chammar.

Nous ne tardâmes point à nous embarquer sur le golfe Persique ; nous vîmes Bassora et Bagdad, nous atteignîmes l’embouchure du Tigre, puis nous remontâmes ce fleuve jusqu’à l’endroit où vous me retrouvez, cher lecteur.

Là le Tigre reçoit la rivière que les Arabes nomment le Zab-Asfal. Tout le rivage était couvert par une épaisse forêt de bambous ; la nuit tombait, comme je l’ai déjà dit ; malgré cela, Lindsay fut d’avis de descendre sans délai et de camper sur le rivage. Cette idée britannique ne m’allait pas du tout ; cependant je ne pouvais décemment laisser mon compagnon débarquer seul.

Notre équipage se composait de quatre hommes, lesquels devaient, au point du jour, retourner à Bagdad avec le yacht. Contre mon conseil, l’Anglais voulut faire porter immédiatement à terre nos bagages et même débarquer les quatre chevaux que nous avions achetés à la ville.

« Vous devriez les laisser sur le yacht, lui disais-je, nous les prendrions demain matin.

— Pourquoi pas ce soir ? Je payerai les matelots. Je payerai…, je payerai !

— Oui ; mais les chevaux et nous-mêmes serions plus en sûreté dans le yacht que sur la rive.

— Y a-t-il des voleurs, des brigands, des assassins dans ce pays ?