— Un jour.
— Où se trouve le camp des Obeïd ?
— Sur la rive du Zab Asfal, de ce côté.
— Et celui des Abou Hamed ?
— Dans les environs d’El Fatka, à l’endroit où le Tigre passe entre les monts Hamrin.
— De quel côté ?
— Des deux côtés.
— Et les Djouari ?
— Entre le Djebel Kermina et la rive droite du Tigre.
— As-tu envoyé des éclaireurs ?
— Non.
— Tu aurais dû le faire.
— Impossible ! Nos hommes sont trop facilement reconnus ; mais… »
Le vieux cheikh me regardait en hésitant. Je ne sourcillai point ; il continua :
— Émir, es-tu vraiment l’ami de Malek l’Ateïbeh ?
— Oui.
— Es-tu aussi le nôtre ?
— Oui.
— Viens donc ; je te montrerai quelque chose. »
Il se leva, je le suivis avec l’Anglais et tous les assistants. Je remarquai qu’une petite tente avait été dressée près de celle du festin ; les deux domestiques anglais y étaient assis et on leur servait un copieux repas. Un peu plus loin, nous trouvâmes les chevaux du cheikh ; il me conduisit près d’eux ; toutes ces bêtes me parurent admirables, mais deux surtout me ravirent. Il y avait une jument blanche, la plus jolie bête que j’aie de ma vie rencontrée. Ses oreilles étaient longues, fines, d’une coupe élégante ; ses naseaux grands, profonds et d’un rouge vif ; sa crinière et sa queue fines, souples, douces comme de la soie.
« Magnifique ! m’écriai-je.
— Oh ! dis bien vite : Mach’Allah ! » supplia le chef. Les Arabes, particulièrement ceux de ces contrées, sont très superstitieux ; ils croient que si l’exclamation qui échappe devant un objet agréable n’était point accompagnée de cette invocation, l’objet courrait grand risque d’être perdu pour le propriétaire.
« Mach’Allah ! répétai-je en souriant.