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Page:May - Les Pirates de la Mer Rouge, 1891.djvu/271

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une bataille au désert

— Ah !… Leurs chevaux sont magnifiques : ce noir surtout.

— Savez-vous à qui la bête appartient maintenant ?

— Au cheikh.

— Non.

— A qui donc ?

— A moi.

— Bah !

— A moi, en vérité.

— Sir, mon nom est David Lindsay ; on ne m’en fait point accroire, je vous prie de vous en souvenir.

— Je ne vous en fais point accroire non plus en vous disant que je pars demain matin ; ces gens s’en rapportent à moi pour explorer le terrain et sonder les dispositions de l’ennemi.

— Heureux mortel ! Emmenez-moi.

— Je ne le puis, vous m’embarrasseriez. D’ailleurs, votre habit gris est trop compromettant.

— Procurez-moi des vêtements de Bédouins.

— Vous ne savez pas un mot d’arabe.

— C’est vrai ; combien de temps vous faudra-t-il ?

— Je ne sais trop : quelques jours ; c’est assez loin d’ici.

— Mauvaise route et méchantes gens dans ce pays ! Voulez-vous me faire un plaisir ?

— Lequel ?

— Tout en cherchant la trace de vos Bédouins, tâchez de me découvrir quelques ruines ; n’oubliez pas mon fowling-bull.

— Soyez tranquille ! »

Nous avions repris nos places dans la tente, où nous dûmes manger encore quelques restes du festin en écoutant de longs récits, comme les aiment ces peuples. Le soir nous eûmes de la musique et même des chants. Les Arabes ne font guère usage que de deux instruments : la roubaba, sorte de cithare à une corde, et la tabl, petite timbale qui, comparée au son faible, monotone et léger de la roubaba, produit un bruit assourdissant. Après ce concert, on récita la prière du soir ; puis nous allâmes nous coucher. L’Anglais dormit sous la tente du chef ; je dus me rendre près des chevaux, en plein air.

Je m’étendis à côté de ma nouvelle monture et lui murmurai avec ferveur dans les narines la centième sourate, sans me lasser de la répétition ; non pas que j’y attachasse la moindre idée