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Page:May - Les Pirates de la Mer Rouge, 1891.djvu/273

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une bataille au désert

— Et si je veux faire enlever une pierre, comment dit-on une pierre ?

— Hadjra. »

Lindsay s’informa ainsi d’une centaine de mots qu’il écrivit avec soin. Nous finissions à peine, qu’on s’éveillait dans la tente du cheikh ; nous fûmes invités à prendre le repas du matin.

Le vieux chef me donna de minutieuses instructions ; enfin, après avoir fait mes adieux aux assistants, je montai à cheval et je quittai le camp, me disant que peut-être je n’y pourrais rentrer.

Je me proposai de visiter d’abord au sud la tribu des Djouari. La meilleure voie pour arriver à mon but était de suivre le fleuve Thathar, qui coule presque toujours d’une façon parallèle à celle du Tigre ; malheureusement il était présumable que les Obeïd faisaient paître leurs troupeaux sur la rive de ce fleuve, et par prudence je dus appuyer vers l’ouest. Je me dirigeai de manière à trouver le Tigre à un mille environ plus haut que Tékrit ; là certainement je devais rencontrer ceux que je cherchais.

J’étais bien pourvu de provisions. Pour mon cheval je n’avais pas besoin d’eau, car nous devions rencontrer partout des herbes rafraîchissantes. Je n’avais donc d’autre souci que celui de ne pas me tromper de chemin et d’éviter les mauvaises rencontres. Quant au premier de ces soins, je gardais le tracé des lieux assez exactement dans ma mémoire, puis j’avais le soleil et ma boussole ; pour le second, je me fiais à ma longue-vue, avec laquelle j’explorais à chaque instant l’horizon.

La journée se passa sans incident ; le soir je m’abritai pour dormir derrière une roche isolée.

Avant de me préparer au sommeil, il me vint à l’esprit que je devrais plutôt continuer ma route jusqu’à Tékrit, où je pourrais sans doute apprendre ce que je désirais savoir sans trop attirer l’attention. Mais cela devint fort inutile, comme je le vis le lendemain.

Malgré cette préoccupation je dormis tant bien que mal jusqu’au jour ; le hennissement du cheval m’éveilla au moment où le soleil se levait.

Cinq cavaliers, arrivant du côté nord, s’avançaient vers moi : ils étaient si près, que je ne pouvais douter qu’ils me vissent, ni les éviter ; je ne voulais pas, du reste, avoir l’air de les fuir. Je