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Page:May - Les Pirates de la Mer Rouge, 1891.djvu/278

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une bataille au désert

— Repose-toi, tu parleras ensuite.

— Je ne suis pas fatigué ; ce que j’ai à te communiquer est important, permets que je commence sans délai.

— Explique-toi !

— On dit que les Djouari sont tes ennemis.

— Ils le sont ! affirma mon hôte en fronçant le sourcil d’un air sombre.

— Ils sont aussi les miens et ceux des Haddedîn.

— Je le sais.

— Sais-tu qu’ils se sont unis aux Abou Hamed et aux Obeïd pour enlever les troupeaux des Haddedîn ?

— Je le sais.

— On dit que tu as fait alliance avec les Alabeïde pour te venger de ces brigands ?

— Oui.

— Si je te proposais un rapprochement avec les gens de Mohammed à ce sujet ?

— Je te l’ai dit, tu es le bienvenu ; tu vas te reposer et manger ; tu ne nous quitteras pas avant que j’aie fait rassembler les anciens. »

Une demi-heure plus tard, le conseil siégeait dans la demeure du cheikh. Il se composait de huit hommes : mais, avant de délibérer, on prit part à un festin donné en mon honneur.

Nous nous assîmes en cercle pour dévorer un gros morceau de mouton rôti. Ces huit hommes étaient les chefs des Abou Mohammed. Je leur racontai comment le cheikh m’avait confié ses messages de guerre.

« Quelle proposition nous fais-tu ? me dirent-ils.

— Aucune ; plus d’années ont passé sur vos têtes que sur la mienne, ce n’est point aux jeunes de frayer la voie aux anciens.

— Tu parles le langage de la prudence. Ta tête est jeune, mais ton intelligence surpasse celle des anciens ; autrement Mohammed Emin ne t’eût point chargé d’une mission. Parle, nous t’écoutons ; après cela nous verrons à nous décider.

— Combien de guerriers compte votre tribu ?

— Neuf cents.

— Et celle des Alabeïde ?

— Huit cents.

— Cela fait dix-sept cents : la moitié du nombre des ennemis.