Aller au contenu

Page:May - Les Pirates de la Mer Rouge, 1891.djvu/280

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
278
une bataille au désert


du côté sud. Ainsi on pourra les acculer dans le Kelab, où le fleuve est infranchissable. »

Ce plan, longuement discuté par le conseil, fut enfin adopté. Tout l’après-midi se passa en délibérations, démonstrations et discours. Il était presque nuit avant que j’eusse obtenu une conclusion. Je me décidai à coucher sous la tente du cheikh.

Le lendemain matin, on me reconduisit à la rive opposée : puis je repris le chemin de la veille.

Ma commission, qui paraissait si difficile, si périlleuse, se trouvait terminée de la façon la plus simple et la plus prompte.

J’avais honte de retourner ainsi près de Mohammed ; il me semblait peu consciencieux de garder le cheval comme prix d’une expédition si aisément accomplie, et pourtant je m’en serais séparé avec un véritable chagrin ; que faire ?

Je me demandai s’il ne conviendrait pas de tenter l’exploration du futur champ de bataille. Cette idée me poursuivant, je dus y céder. Au lieu de continuer ma route jusqu’au Thathar, comme j’en avais l’intention, je me mis à longer la rive gauche vers le nord, de manière à me rapprocher des flancs du Kaouza.

Il était plus de midi, quand, à force de méditer sur la route à parcourir, j’en vins à me persuader que l’Oued Djehenne, où nous avions repris les chevaux de l’Anglais, devait faire partie de la contrée appelée Kaouza. N’ayant ni cartes ni indications précises pour élucider ce point géographique, je chevauchai un peu au hasard et finis par arriver assez près du Djebel Hamrin, qui se dessine fièrement sur la droite.

Le soleil commençait à s’incliner au couchant, lorsque j’aperçus, au fond de l’horizon, vers l’ouest, deux cavaliers, véritables points noirs d’abord, qui grandirent et se rapprochèrent rapidement.

Ils m’avaient vu, s’étaient arrêtés un moment ; maintenant ils accouraient au galop.

Devais-je fuir devant deux hommes, mal armés sans doute ? C’eût été faire acte de poltronnerie ; j’arrêtai mon cheval et les attendis.

Ces cavaliers étaient âgés déjà, mais encore vigoureux ; ils s’arrêtèrent aussi dès qu’ils furent à portée de la voix ; l’un d’eux, jetant sur mon coursier noir un regard de convoitise, me demanda :