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Page:May - Les Pirates de la Mer Rouge, 1891.djvu/295

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une bataille au désert

— Envoie à Deradji deux espions sûrs qui puissent examiner ce qui s’y passe entre eux et le camp ; place de distance en distance quelques guerriers éprouvés ; quatre hommes à chaque poste. L’un d’eux servira de courrier pour relier un poste à l’autre.

« Il faut aussi établir une ligne semblable pour communiquer avec les Mohammed, non afin de les surveiller, mais de manière à être averti de leur marche ; j’en ai parlé au cheikh, il enverra des hommes de son côté jusqu’aux ruines d’el Farh. Maintenant assemble les hommes que tu as déjà sous la main ; combien en comptes-tu dans le camp ?

— Quatre cents ; je vais les faire avertir tout de suite. »

Un grand mouvement ne tarda pas à régner parmi les tentes ; au bout d’une demi-heure, les quatre cents guerriers étaient en armes au milieu du camp. Le vieux chef leur adressa un discours des plus entraînants, puis tous jurèrent, par la barbe du Prophète, de se battre comme des lions et de garder les secrets de l’attaque ; après quoi le cheikh les fit mettre en ligne.

Tous étaient à cheval, tous portaient pour armes un couteau, un sabre, une longue lance, qui, entre leurs mains, est souvent terrible. Plusieurs faisaient usage du redoutable nibat (massue), ou d’une lance courte. Les boucliers laissent un peu à désirer. Quelques guerriers gardent encore le primitif bouclier de cuir. Beaucoup aussi étaient armés de flèches ; le carquois et l’arc leur donnaient un aspect tout à fait antique ; ceux qui possédaient des fusils avaient en général des armes si vieilles et en si mauvais état, qu’elles paraissaient plus dangereuses pour eux que pour l’ennemi ; le petit nombre enfin se servait d’armes à percussion d'une portée assez longue. Je mis ceux-là à part, leur recommandant de se présenter le lendemain matin ; puis je fis faire une sorte d’exercice aux autres. Ils s’en tirèrent assez bien. Je les divisai en bataillons ; j’essayai de leur inculquer quelque idée des évolutions militaires. Ces hommes sont tellement accoutumés a combattre à cheval en harcelant l’ennemi, qu’une fois démontés ils perdent la tête et ne savent plus se défendre. J’aurais voulu parer à cet inconvénient par mes instructions, mais ce n’était pas aisé en si peu de temps.

Le lendemain, j’eus à m’occuper de ceux qui possédaient des armes plus modernes ; ils comprirent vite et exécutèrent mes