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Page:May - Les Pirates de la Mer Rouge, 1891.djvu/300

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une bataille au désert

— Seigneur, j’ai une outre et des dattes sur mon cheval, laisse-moi partir. »

Je repris, en me tournant de son côté :

« Ton cheval est fatigué, prends le mien, il se repose depuis deux jours ; il te portera à ton campement avec la rapidité du vent. Tu salueras Malek de ma part. »

Le lendemain se passa en exercices guerriers ; j’étais de plus en plus satisfait de mes troupes ; nos postes d’observation fonctionnaient admirablement ; nous fûmes avertis d’abord de l’approche des deux principaux alliés, et on nous assura que nos auxiliaires, les Abou Mohammed, les suivaient à peu de distance. Un peu plus tard, on vint nous annoncer que les Obeïd commençaient à s’ébranler, et qu’ils avaient envoyé des espions dans la vallée de Deradji afin de nous surprendre. Je résolus d’aller moi-même m’emparer de ces espions. Le cheikh, n’ayant pas permis que je me séparasse de mon coursier noir, avait fourni à l’Arabe un autre cheval ; il en prêta un tout frais à mon petit Halef, et nous partîmes ensemble, vers la tombée du jour. Nous ne fûmes pas longtemps sans atteindre notre poste avancé. Je demandai à Ibn Nazar, la plus intelligente de nos sentinelles, où se tenaient les espions qu’il avait signalés.

« Là-bas, me dit-il ; tout près d’eux mon compagnon se cache et les épie ; Nous avons suivi leurs pas.

— Bien ; vous aurez une part double dans le butin ; conduis-moi près des Obeïd. »

La nuit n’était pas tout à fait noïre ; il est bien rare qu’elle le soit dans ces contrées ; nous arrivâmes sans trop de difficultés au défilé qui donne entrée dans la vallée. Notre guide fît alors un détour pour nous conduire au milieu d’énormes quartiers de roche qui rendaient le chemin fort pénible, jusqu’à l’entrée d’une étroite caverne, où nous cachâmes nos chevaux. Ils étaient en parfaite sûreté ; nous grimpâmes alors au sommet de la montagne, d’où nous pouvions apercevoir la vallée s’étendant à nos pieds.

« Prends garde, me dit mon conducteur ; si tes pas dérangeaient une seule pierre, nous serions trahis, car on nous épie. »

Nous continuâmes à gravir les rochers qui se dressaient devant nous. Je marchais dans les traces de notre guide, Halef dans les miennes ; nous prenions les plus grandes précautions. Enfin une