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Page:May - Les Pirates de la Mer Rouge, 1891.djvu/312

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une bataille au désert

Nous savions, par les courriers venus des avant-postes, que rien ne s’opposait à notre marche, et nous atteignîmes paisiblement le Djebel Deradji, derrière lequel s’étend de l’est à l’ouest la vallée où devait avoir lieu le combat.

Les tireurs, que nous avions désignés, descendirent de cheval, et leurs montures furent conduites avec ordre dans la plaine, où l’on eût pu les reprendre facilement en cas de déroute.

On déchargea les chameaux, on établit les tentes, on prépara un lieu pour les pansements. Nous avions beaucoup d’outres pleines d’eau, mais le linge manquait pour les bandages ; je n’avais pu en obtenir, à mon grand regret.

Nous eûmes soin de doubler les postes qui nous reliaient aux Abou Mohammed, nos auxiliaires ; ils nous firent bientôt savoir que l’ennemi ne semblait point se douter de nos mouvements.

Lindsay, qui au milieu de tous ces préparatifs était demeuré fort taciturne, chevauchait depuis le matin à mes côtés. Lorsque nous nous fûmes arrêtés, il me demanda :

« Où comptez-vous que se donnera la bataille ? Ici ?

— Non, derrière la hauteur.

— Puis-je rester avec vous ?

— Comme il vous plaira.

— Où serez-vous ? dans l’infanterie, la cavalerie, le génie, les pontons ?

— Dans les dragons, car nous nous battrons à l’arme blanche et nous tirerons également.

— Je me joins à vous ; descendons-nous dans la vallée ?

— Non ; nous défendrons ici les abords du fleuve, afin d’empêcher l’ennemi de gagner le côté nord.

— Combien avez-vous d’hommes ?

— Cent.

— Well ! Bonne combinaison. »

Je n’avais pas choisi ce poste sans dessein. Si j’aidais volontiers les Haddedîn, il me répugnait de tirer sur des gens qui n’étaient point mes ennemis ; en somme cette querelle ne m’était nullement personnelle ; j’avais demandé aux chefs de me laisser le commandement d’une place de défense pour ne pas prendre part à l’attaque, et j’aurais bien préféré encore rester à l’ambulance ; mais ces guerriers n’eussent jamais compris mon inaction.

Le cheikh Mohammed conduisit sa cavalerie dans la vallée ; il