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Page:May - Les Pirates de la Mer Rouge, 1891.djvu/353

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une bataille au désert

— Oui, dans la hutte de bambous ; ils ne peuvent s’enfuir, car on les garrotte solidement.

— Quand leur rançon est payée, que fait le cheikh ?

— Il les tue tout de même, pour n’être point trahi.

— Et s’ils ne voulaient ou ne pouvaient promettre de payer ?

— On les torturerait.

— Par quel genre de supplice ?

— Il y en a de plusieurs sortes ; parfois on les enterre vivants.

— Quels sont les bourreaux ?

— Le cheikh et ses fils. »

C’était, en effet, un des fils de Zédar ben Houli qui s’était occupé spécialement de ma personne, quand j’avais été fait prisonnier par cette tribu. Il se trouvait au nombre de nos otages de l’Oued Deradji ; je l’avais reconnu.

« Combien le cheikh a-t-il de fils ? demandai-je encore.

— Deux.

— Sont-ils ici ?

— Tu as gardé l’un d’eux, celui qui voulait te tuer le jour du lion ; l’autre est ici.

— Y a-t-il des prisonniers dans l’île en ce moment ?

— Oui, deux ou trois.

— Où sont-ils ?

— Je n’en sais rien ; personne ne le sait, que ceux des hommes présents à la prise.

— Mais comment ces gens sont-ils tombés dans les mains du cheikh ?

— Ils montaient un kellek (barque) sur le fleuve ; le soir ils ont voulu mettre à l’ancre près d’ici ; c’est alors que le cheikh les a surpris.

— Depuis combien de temps ces hommes ont-ils été amenés dans l’île ? »

Mon interlocutrice réfléchit un peu, puis répondit :

« Depuis environ vingt jours.

— Avez-vous beaucoup de tachterouan (panier dans lequel on place souvent les femmes pour voyager à dos de chameau) ?

— Oui, nous en avons plusieurs.

— Bien. »

Je pris sous mon turban quelques pièces de monnaie. Cette