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Page:May - Les Pirates de la Mer Rouge, 1891.djvu/362

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une bataille au désert

— Non, je suis un Franc.

— Reconnais-tu la Vierge qui a Dieu pour fils ?

— Oui.

— Reconnais-tu Aïssa (Jésus), le fils du Père ?

— Oui.

— Crois-tu qu’Aïssa, le fils de Dieu, reviendra pour nous juger ?

— Oui, je le crois.

— Reconnais-tu le saint baptême ?

— Oui.

— Crois-tu que les anges environnent le trône de Dieu ?

— Oui.

— O Emir, ta croyance est bonne ; elle est la vraie ; béni soit Dieu qui t’a envoyé vers nous ! Accorde-nous donc une faveur ; pardonne à celui qui nous a fait du mal !

— Nous verrons ; je ne suis pas le chef de la tribu victorieuse. Savez-vous où je vous conduis ?

— Oui, nous allons à l’Oued Deradji.

— Le cheikh des Haddedîn vous accueillera bien, sur ma demande, je vous le promets ! »

Cependant le moment de reprendre notre marche était venu. Près de Kalaat el Djebar, nous trouvâmes une énorme quantité de truffes, au grand ravissement de mon Anglais, qui en fit une bonne provision et promit de m’inviter le lendemain à goûter du pâté confectionné de ses propres mains.

Vers midi nous passâmes entre les monts de Kanouza et de Hamrin ; bientôt nous descendîmes dans l’Oued Deradji. Je n’avais envoyé personne en avant, afin de me donner le plaisir de surprendre mon ami Mohammed ; mais les guetteurs nous virent de loin, des cris de joie remplirent toute la vallée. Mohammed Emin et Malek s’avancèrent au-devant de nous, pour me souhaiter la bienvenue ; j’étais le premier qui rentrait au camp avec le tribut.

Pour se rendre aux pâturages des Haddedîn, il n’y avait d’autre moyen que de traverser l’Oued.

Là se trouvaient encore les prisonniers de guerre ; ceux de la tribu des Abou Hamed nous accueillirent avec de terribles regards de haine, quand ils virent passer leurs troupeaux. Enfin nous atteignîmes la plaine ; je sautai à bas de mon cheval.