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Page:May - Les Pirates de la Mer Rouge, 1891.djvu/99

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sur les bords du nil

— Cette femme souffre au cœur, elle se consume de chagrin ; elle hait Abrahim ; si on ne la sauve promptement, elle mourra.

— Comment sais-tu cela ?

— Abrahim m’a conduit dans son harem pour que je puisse parler à la malade.

— Dans son harem ! Il t’y a conduit, lui !

— Il aime cette femme, il veut la guérir à tout prix.

— Qu’Allah le punisse de l’aimer ! Et tu lui as parlé, à elle ?

— Oui, seulement de son mal. Cependant elle a eu l’adresse de me souffler bien bas à l’oreille : « Sauve Sénitzar ! » Lui la nomme Guzela.

— Que lui as-tu répondu ?

— Que je la sauverais.

— Effendi, je t’aime ; ma vie t’appartient. Il me l’a ravie, enlevée, il s’en est emparé par trahison ! Oh ! viens, conduis-moi ! Je voudrais voir au moins les murs de sa prison !

— Non, Isla ben Mafleï ; je retournerai demain chez Abrahim, mais j’irai seul.

— Sidi, je t’accompagne partout !

— Impossible ! Sénitza connaît-elle l’anneau que tu as au doigt ?

— Oui, certes !

— Consens-tu à me le confier ?

— Oh ! oui, tu as raison, Sidi, elle comprendra que tu viens de ma part.

— Mets-moi un peu au courant de ton aventure, Isla ; il faut que je connaisse les circonstances de l’enlèvement.

— Tu sauras tout, seigneur. Notre maison est une des plus considérables de Stamboul ; je suis le fils unique d’un riche négociant ; tandis que mon père s’occupe du bazar avec ses serviteurs, je voyage pour nos affaires. J’ai eu plusieurs fois occasion d’aller à Scutari, où j’ai rencontré Sénitza, un jour qu’elle se promenait au bord de la mer avec une amie. Depuis nous nous sommes revus bien souvent. Son père n’habite point Scutari, il demeure dans la montagne. Elle était à la ville chez une ancienne compagne. Lorsque je retournai, il y a deux mois, à Scutari, cette compagne et son mari avaient disparu, emme-

Les pirates de là nier Rouge.
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