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À STAMBOUL

monJ, à Deir-el-Kamr, au sud de Beyrouth, et dans la ville côtière de Saïda. Le 9 juillet 1860, le muezzin appelait les croyants pour la prière à l’heure de midi, lorsque la populace armée, conduite par les bachi-bouzouk, se jeta sur le quartier chrétien de Damas. Les hommes et les enfants mâles furent égorgés ; les femmes, indignement traitées, périrent en partie ou subirent l’esclavage.

Le gouverneur, Achmet-pacha, resta tranquille au fond de son palais pendant ces effroyables massacres. Seul un homme influent et généreux prit la défense des chrétiens, qu’il avait passé sa vie à combattre. Cet homme, on le sait, c’est Abd el Kader, le héros des guerres d’Algérie, qui avait choisi Damas pour lieu de son exil.

Il ouvrit sa maison aux malheureuses victimes du fanatisme mahométan, et combattit avec les hommes de sa famille pour assurer le passage des chrétiens qui fuyaient vers l’ancienne citadelle. Dix mille personnes trouvèrent un refuge dans cette vieille forteresse. Mais à peine les chrétiens y étaient-ils renfermés, que les égorgeurs tentèrent d’enfoncer les portes. Abd el Kader se présenta alors en armes devant les furieux ; il menaça de faire mettre le feu aux quatre coins de Damas si la citadelle n’était pas respectée. Cette courageuse attitude sauva les malheureux fugitifs.

De Damas à la Mecque, la grande route de la caravane demande quarante-cinq jours de parcours. Pour aller à Bagdad, la caravane met de trente-cinq à quarante jours ; mais le courrier de la poste fait le trajet en douze jours, à dos de chameau. L’emploi de cette poste est un peu coûteux : le port d’une simple lettre monte à trente-cinq francs, et pour une lettre recommandée il faut payer soixante-douze francs cinquante centimes !