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eût suffi pour ôter aux eaux de la mer toute leur amertume.

Pour être eunuque, je n’en suis pas moins homme ; ce qui pouvait me manquer du côté de la nature, n’ôtait rien au sentiment, et l’impossibilité où je me trouvais de satisfaire les desirs dont j’étais dévoré, les augmentait encore. C’était un soufflet qui excitait le feu ardent dont j’étais consumé. Voir Zeni, et l’aimer fut l’ouvrage d’un moment : j’abandonnai les autres Odalisques pour me livrer à l’éducation de la seule Zeni. J’étais toujours auprès d’elle ; je fis parler mes yeux, ou elle n’entendit point leur langage, ou elle fit semblant de ne point l’entendre. Je me lassai de garder le silence, il fallut parler, et je résolus de me servir de ma bouche, puisque mes yeux n’avaient pu lui rien apprendre. Ce

  
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