Page:Maynard - Œuvres poétiques, t. 2, éd. Garrisson, 1887.djvu/134

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Si qu’il dit de courroux espris :
– quoy ! Tu as doncques à mespris
Celuy dont la pudique flame
Daignoit par un noeud d’amitié
Te rendre sa douce moitié,
Ainçois la royne de son àme ?

Soit, mais les équitables dieux
Ne laissent jamais dans les cieux,
Ny sous les eaux, ny sur la terre
Impuni le moindre forfaict,
Toy ayant un hymen défaict
Crains que son ire ne l’atterre.

Palemon, vivement touché
De ce traict de courroux laché,
Luy respondit : – quand la contrainte
Met un corps en captivité,
L’esprit ne vit point arresté
Dedans cette importune estreinte.

On jouyt du corps seulement ;
Car l’âme s’enfuit doucement
Sur les aisles de la pensée,
Devers l’object de ses désirs
En qui gisent tous les plaisirs
Dont l’amour la tient enlassée.