Page:Maynard - Œuvres poétiques, t. 2, éd. Garrisson, 1887.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Ainsi parloit-il tout ardant,
D’un œil plein d’amour regardant
Les beaux yeux de sa vainqueresse,
Dont le cœur desja se rendoit
Et impatient attendoit
La guérison de sa tristesse.

Mais elle, pour ne faire voir
Qu’amour au joug de son pouvoir
Attachoit son obeyssance,
Ne daigna plus luy repartir,
Desdain qui fit soudain partir
Le berger privé d’espérance.

En s’en allant il souspira,
Et la nymphe se retira
De ce discours au vif touchée ;
Mais plus quand elle ouyt de loing :
— ô ciel ! Sois fidelle tesmoin
Qu’elle a ma jeunesse fauchée !

Je meurs, mais heureux et content,
Puisque mon cœur ferme et constant
Préfère sa flame à sa vie.
J’aime mieux me fondre en langueur
Que de rompre le noeud vainqueur
Qui retient mon ame asservie.