Page:Maynard - Œuvres poétiques, t. 2, éd. Garrisson, 1887.djvu/35

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La nymphe, voyant son soleil,
Eut le visage aussi vermeil
Que celuy de la belle Aurore,
Quand, honteuse et pleine d’amour,
Elle voit, sur le point du jour,
Son beau Céphale qu’elle adore.

Le berger aussi la voyant
Alla tout craintif larmoyant,
Mais ses larmes furent seichées,
Comme celles que l’aube espand,
Qui sechent tout soudain estant
Des rayons du soleil touchées.

La honte tous deux les tenoit,
L’un, lors qu’il se ressouvenoit
Du desdain de son adversaire,
L’autre n’osant pas descouvrir
Ce qu’elle ne pouvoit couvrir,
Et qu’elle ne vouloit pas taire.

Mais, Amour, lassé de les voir
Parmy ces craintes recevoir
Une douleur par trop cuisante,
Fit, comme un dieu plein d’équité,
Que l’amant de sa crainte osté
Vint le premier devers l’amante.