Page:Maynard - Œuvres poétiques, t. 2, éd. Garrisson, 1887.djvu/38

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Si tu m’aymes, je t’ayme aussi,
Ayant d’un semblable soucy
L’âme nuict et jour offencée :
Et rien n’allège mon esmoy,
Sinon quand mon cœur vole à toy
Sur les ailes de la pensée.

− ma belle, lui dit le berger,
Puis que tu daignes soulager
Mon triste, mais plaisant martyre,
Je te jure devant les cieux,
Qu’il n’est rien qui face (mon mieux)
Que de ta loy je me retire.

Je ne puis assez estimer
L’honneur que ce m’est de t’aimer
Et d’estre aimé de toy, ma belle :
Mais je puis bien asseurément
Te dire qu’éternellement
Philandre te sera fidelle.

− aussi, dit-elle, je croy bien,
Qu’au monde il ne peut estre rien
Qui de moy te puisse distraire :
Si tu considères tout-jour
Que ce n’est peu d’heur en amour
De prendre la loy et la faire.