Page:Maynard - Œuvres poétiques, t. 2, éd. Garrisson, 1887.djvu/58

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Mais un loup, de rage animé,
A l’œil de furie enflamé
Et à dent de faim afilée,
En ce poinct se mesla parmy,
Pour trancher d’un coup ennemy
Sa trame heureusement filée.

Desjà Lysis voyoit le bord
Du triste fleuve de la mort,
Lorsque ceste cruelle beste,
S’eslança comme un foudre ireux
Dessus Philandre (bien heureux,
S’il eust préveu ceste tempeste).

Ce berger en ce point réduit
Qu’il n’espéroit rien que la nuict
De son imparfaite journée,
A la fuitte enfin eut recours,
Hélas ! Mais en fuyant, un ours,
Rendit sa carrière bornée.

Il s’arresta glacé de peur,
Et dit : – adieu, roy de mon cœur,
Bel œil autrefois ma lumière.
Maintenant je cognois combien
Tous les dieux jaloux de mon bien
Haïssent ma flame première.