Page:Maynard - Œuvres poétiques, t. 2, éd. Garrisson, 1887.djvu/90

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Je ne le puis sans t’offencer :
Mais aussi n’avoir qu’un penser
Et un souvenir pour remède
Au mal que je souffre pour toy,
C’est trop peu ; car mon triste esmoy
Toutes autres langueurs excéde.

Et où trouver l’allégement
Que ton mortel esloignement
Ravit à ma vaine espérance,
Sinon en un nouveau désir,
Qui faisant naistre un doux plaisir
Dissipe mon aigre souffrance ?

Doncques j’iray liant ma foy
Au joug d’une nouvelle loy
Pour chasser mon triste martyre :
Mais ne m’en blasme point, hélas !
Car mon cœur ne te laisse pas,
Ains la mort de toy le retire.

Amour (quand il eut triomphé
De ce souvenir estouffé
Dessous une flamme nouvelle)
Devant la nymphe tremoussant,
Alla de son gosier poussant
Mainte chanson doucement belle.