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IIe PARTIE. — ÉCRITS ET GÉNIE.

du langage, mais qui entreprend de persuader par la force de la doctrine et par l’abondance de la raison. » Voilà le but vers lequel marche désormais notre littérature, au lieu de se laisser aller, comme Montaigne, à la dérive du caprice. Ce but, Balzac l’a-t-il atteint ?

Dans une lettre latine qu’il lui adressa, Descartes loue chez lui le choix, la composition, le mérite d’ensemble, l’art de communiquer aux autres sa persuasion, la pureté de l’élocution, les qualités du caractère unies aux qualités de l’esprit. Descartes l’a un peu flatté, ne serait-ce que pour le caractère, Balzac était peu délicat, plein d’amour-propre, de vanité et de ridicule ambition, ce qui le rendit jaloux de toute gloire autre que la sienne, mauvais ami, ingrat disciple. Voiture, Théophile, Malherbe pourraient nous en dire quelque chose. Ses lettres sans doute valaient mieux que les lettres galantes de Voiture qui n’écrivait que pour écrire ou plutôt pour se débarrasser des demandes importunes qu’on adressait à sa paresse, mais ce n’était pas une raison pour commander des factums contre son collègue en genre épistolaire. On ne saurait lui pardonner surtout son ingratitude pour son vieux maître. Il avait reconnu lui-même ce qu’il devait aux principes de Malherbe, tout ce qu’il avait gagné sous cette forte discipline, ce qui ne l’em-