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quelques éditeurs. » Et de rire aux larmes[1] ! Aussi le verrons-nous, en plein succès, toujours préoccupé de traités et de comptes d’éditeurs, intraitable sur ses droits, processif au besoin, jaloux de faire respecter, même par une intervention judiciaire, les moindres parcelles de son œuvre.

I

C’est à une nouvelle que Maupassant avait dû son premier grand succès littéraire[2]. Aussi, avec ce sens de la réalité pratique qui est un des traits de son caractère, abandonne-t-il résolument la poésie et le théâtre pour se consacrer à la nouvelle et au roman. Il suivait en cela l’un des derniers conseils que lui adressait son maître : « Je maintiens que Boule de Suif est un chef-d’œuvre. Tâche d’en faire une douzaine comme ça et tu seras un homme[3] ! » Moins d’un an après, les douze nouvelles étaient écrites, ou peu s’en fallait, et ce fut le recueil de la Maison Tellier.

Pour suffire à une production aussi rapide et aussi abondante, une grande puissance de travail

  1. H. Roujon, loc. cit.
  2. Les Soirées de Médan avaient eu huit éditions en quelques mois.
  3. Correspondance de Flaubert, IV, p. 380.