Page:Maynial - La Vie et l’Œuvre de Maupassant, 1907.djvu/159

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convenait pas à l’éditeur, qui avait sur la question des idées très arrêtées et qui écrit à l’auteur :

Votre titre, le Champ d’oliviers, est absolument mauvais pour la vente ; c’est mon impression absolue et je l’ai essayé sur plus de dix personnes, qui, toutes, sont de mon avis. Le premier, l’Abbé Villebois, n’était pas absolument bon non plus, mais il avait sur celui-ci l’immense avantage d’être euphonique et sonore, et de bien entrer dans l’œil : je le prendrais à cent contre un. Vous savez quel rôle jouent les titres pour la vente, et que les œuvres des plus grands maîtres n’échappent pas à cette influence. Ne me mettez donc pas tout de suite dans une situation d’infériorité commerciale vis-à-vis de vos autres ouvrages similaires. Réfléchissez-y, je vous en prie, pendant qu’il en est temps encore et avisez-moi de votre détermination par un mot. Il va sans dire que je m’inclinerai devant vos oliviers, si vous les maintenez, mais comme on dit : la mort dans l’âme[1].

Maupassant céda à ces considérations et proposa un nouveau titre, l’Inutile beauté, que l’éditeur déclara excellent[2].

III

Toute cette correspondance que nous venons d’a-

  1. A. Lumbroso, pp. 435-436.
  2. Il semble, d’après une lettre de V. Havard (A. Lumbroso, p. 437, que l’on jouait à cette époque-là, aux Menus-Plaisirs, une pièce qui portait un titre analogue. Havard fit des démarches et obtint de l’un des auteurs de la pièce, M. Clairville, que la pièce changeât de litre ; elle s’appela le Fétiche.