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que Flaubert parcourait fiévreusement au collège à quatorze ans, mêlant à la lecture d’Othello celle de Catherine Howard, et de l’Histoire d’Écosse de W. Scott[1]. Mme  de Maupassant nous dit quelle impression profonde produisirent sur son fils ces premiers livres[2]. Il comprit pour la première fois comment on peut, par des mots, évoquer les êtres et peindre les choses, animer d’une vie supérieure, débordante, éternelle, cette nature variée dont il subissait et sentait toute la puissance. Le Songe d’une nuit d’été l’enchanta surtout : il y retrouvait toutes les impressions primitives, ces frissons obscurs et délicieux qu’il avait ressentis, ces rêves fantastiques auxquels il se laissait entraîner dans sa contemplation muette de la mer et des rochers, des plaines et des bois.

Entre la lecture et le jeu, il fallait pourtant réserver quelques heures pour l’étude. Guy n’avait pas de gouvernante ; les premières leçons qu’il reçut furent celles de sa mère ; l’abbé Aubourg, vicaire d’Étretat[3], lui donnait quelques leçons de grammaire et d’arithmétique, et lui enseigna le latin. L’enfant s’intéressa, paraît-il, à l’étude du latin, qu’il apprit vite à lire facilement[4]. Il ne connaissait aucune langue étrangère moderne. En revan-

  1. Correspondance de Flaubert, tome I, p. 12.
  2. A. Lumbroso, p. 303.
  3. Plus tard curé de Saint-Jouin, près d’Étretat.
  4. D’après les souvenirs du Dr  Balestre.