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Page:Maynial - La Vie et l’Œuvre de Maupassant, 1907.djvu/43

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tique. Mais Guy a senti l’affront inutile et injuste ; il intervient :

— Certes, Madame, nous porterons le panier chacun à notre tour ; et c’est moi qui commence[1] !

Aussi Guy était-il adoré de tous les pêcheurs de la côte. Ils l’emmenaient avec eux en mer, et l’enfant n’hésitait pas à affronter le gros temps. Le plus souvent on le confiait au pilote de Fécamp. Mais quelquefois aussi il s’en allait au hasard des rencontres, et Mme de Maupassant se rappelait encore l’anxiété dans laquelle la mirent certaines absences prolongées en des jours de tempête[2]. Le souvenir de ces équipées se retrouve dans plus d’une nouvelle de l’écrivain. Et plus tard, songeant à cette vie aventureuse dont l’obsession le poursuivait toujours, Guy de Maupassant disait : « Je sens que j’ai dans les veines le sang des écumeurs de mer. Je n’ai pas de joie meilleure, par des matins de printemps, que d’entrer avec mon bateau dans des ports inconnus, de marcher tout un jour dans un décor nouveau, parmi des hommes que je coudoie, que je ne reverrai point, que je quitterai, le soir venu, pour reprendre la mer, pour m’en aller dormir au large, pour donner le coup de barre du côté de ma fantaisie, sans regret des maisons où des vies naissent, durent, s’encadrent, s’éteignent,

  1. A. Lumbroso, p. 305.
  2. A. Lumbroso, p. 304.