Ne regrettons jamais les jeunes gens qui meurent,
Ils quittent ce monde odieux,
Pour un monde meilleur. Bien fous ceux qui les pleurent,
Ils vont monter aux cieux.
Oh ! ne les plaignons point, mais portons-leur envie ?
Ne le plaignons pas puisqu’il nous le défend lui-même, mais comment ne pas regretter ces dispositions hâtives ?
Les regrets sont permis : ils adoucissent la peine et la rendent plus noble : le murmure seul est maudit. Coppée, dont la muse attendrie pleure sur le cercueil de Charles Réad, ne veut pas que l’on murmure :
Nous saurons un jour qu’il est essentiel
Que L’âme d’un poète enfant monte au ciel
Pour que le soleil resplendisse.
Rien n’annonçait chez le poète cette prédestination à la mort qui se devine parfois chez certains êtres vraiment trop faibles pour la vie. Sa nature était saine et forte, trop réfléchie peut-être, mais il n’était pas de ces mélancoliques sans cause qui dispersent toute leur énergie dans de vagues effusions : il voulait, il savait vouloir.
Il avait le goût de la clarté, d’une décision presque mathématique eu toutes choses. Sans doute tenait-il cette tendance d’esprit de son aïeul, un homme de science éminent, le géologue Cordier : il n’y a dans sa poésie ni afféterie, ni remplissage,