Page:Meignan - Les évangiles et la critique au XIXe siècle, 1864.djvu/136

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passée en habitude que le disciple de Polycarpe avoue qu’il consultait moins les Évangiles que les témoins de la foi encore vivants, « Neque enim ex librorum lectione tantam me utilitatem capere posse existimabam quantum ex hominum adhuc superstitum viva voce. » Si de temps en temps Papias se trouvait avec eux, il s’informait avec curiosité de leurs paroles, « quænam essent seniorum dicta, λὸγους : quid Andreas, quid Petrus, quid Philippus, quid Jacobus, quid Joannes, quid Matthæus, quid ceteri Domini apostoli dicere soliti essent, quid Aristion et Joannes… prædicarent [1] : » tant il est vrai que l’Église primitive était basée sur la parole, et la tradition orale, par la prédication.

Écoutons Eusèbe : « Les apôtres du Christ, hommes admirables et presque divins, si élevés par la discipline de leur vie et leur vertu, étaient cependant grossiers de langage et sans culture. Assistés de l’Esprit-Saint et de la vertu du Christ qui se manifestait en eux par des miracles, ils prêchaient le royaume des cieux sur la terre. Ils ne prenaient point la peine d’écrire des livres, ils estimaient bien autrement important le ministère de la parole. Σπουδῆς τῆς περὶ τὸ λογογραφεῖν μικρὰν ποιούμενοι φροντίδα, ἅτε μείζονι ἐξυπηρετούμενοι διακονίᾳ.

« L’apôtre saint Paul, continue Eusèbe, n’écrivit qu’un petit nombre de très-courtes lettres. Les douze apôtres, les soixante-dix disciples, connaissaient l’histoire de Jésus, la prêchaient, mais Matthieu et Jean, seuls parmi eux, l’ont écrite, et encore pour ainsi dire malgré eux : οὓς καὶ ἐπά-

  1. Eusèbe. Hist. eccl., iii, 39.