Aller au contenu

Page:Meignan - Les évangiles et la critique au XIXe siècle, 1864.djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

156 LES ÉVANGILES.

Messieurs, l’histoire nous montre que ce besoin ne se fit point sentir aux premiers chrétiens. L’usage de l’Ecriture, je vous l’ai déjà dit, n’était point ce qu’il est devenu parmi nous. Les traditions tenaient alors lieu de code comme la coutume dans la Bretagne et dans d’autres parties encore de la France, avant la Révolution. Les vieillards, les chefs conservaient tout dans leur mémoire, et les populations servaient de témoins.

Mais, direz-vous, comment la doctrine chrétienne pouvait-elle alors se conserver dans les mémoires ? Comment la théologie catholique était-elle tout entière dans les souvenirs ?

La théologie chrétienne était alors fort simple. Les principes féconds d’où sont sorties les savantes et admirables déductions qui remplissent nos manuels et nos grands traités de théologie, ces principes seulement étaient posés. L’Eglise devait plus tard tirer les conséquences des maximes lumineuses de la prédication de Jésus-Christ et des Apôtres. Il y eut, dès le premier jour, un symbole. Ce symbole, Messieurs, ne chargeait point trop la mémoire, et vous le connaissez, c’était le Symbole des Apôtres. Il y avait aussi un formulaire de prières à l’usage des fidèles : ce formulaire était fort court, c’était le Pater. Il y avait un rituel, mais ce rituel consistait principalement dans les paroles sacramentelles, c’est-à-dire en quelques mots qu’on appelle les formes des sacrements, et dans des cérémonies et des actes fort simples. La répétition des mêmes actes, des mêmes discours, des