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Page:Meignan - Les évangiles et la critique au XIXe siècle, 1864.djvu/203

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DIXIÈME LEÇON. 197

témoin redoutable qui dépose sans complaisance et dévoile impitoyablement les inexactitudes d’un historien qui a invoqué des souvenirs imparfaits.

Tout autre qu’un contemporain pourrait difficilement parler avec exactitude des espèces et des valeurs changeantes des monnaies. Le même nom ne désigne pas longtemps une même pièce : il ne représente pas à quelques années de distance la même valeur, c’est-à-dire un poids égal d’or et d’argent. Le plus souvent la dénomination se conserve, mais la valeur intrinsèque a diminué. Un système monétaire est remplacé par un autre système. On le prouverait par des exemples nombreux. Qu’est devenue, en France, notre livre tournois, notre denier parisis ? Où sont les liards, les pièces de six francs et la monnaie divisionnaire de l’écu, les pièces de quinze sous et de trente que nous avons vu circuler dans notre jeunesse ? Les pièces d’argent du temps de Henri IV et de Louis XI sont aussi différentes de celles du temps de Louis XVI que la monnaie divisionnaire du franc diffère de ces dernières. Il y a plus : la valeur relative d’un même poids d’argent varie. Cinq grammes d’argent ne répondent plus en ce moment à ce qu’ils valaient il y a cinquante ans : et il faut acheter deux francs aujourd’hui ce qui autrefois n’en a coûté qu’un.

Il en a toujours été ainsi, Messieurs. Rien n’est plus variable que la monnaie, et pour parler exactement de la situation d’un pays, à un moment donné, sous le rapport monétaire, il faut être contemporain ou bien puiser à