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200 LES ÉVANGILES.

en assignant à chaque terme dont ils se servaient son sens exact et précis.

Le Nouveau Testament satisfait pleinement aux conditions d’une rigoureuse exactitude. Si les évangélistes s’en étaient un moment écartés, il serait facile de les prendre en défaut, car ils ne parlent pas de valeurs abstraites. En mentionnant le denier et la drachme, ils ont parlé de ces valeurs dans leurs rapports avec les choses, avec les impôts et avec les objets dont elles représentaient le prix. Les évangélistes ont rappelé les usages particuliers et les circonstances historiques d’un état de choses propre à un temps, à une société, à une situation donnée. Comment parler exactement de ces choses sans vivre au milieu d’elles ? Quel était l’impôt payé aux Romains ? En quelle monnaie fallait-il le payer ? L’impôt du temple était-il le même que l’impôt à César ? Quel était le mode de perception en usage ? Voilà ce qu’il fallait savoir, pour peu qu’on parlât d’impôt. Les Romains ne voulaient connaitre que leur système monétaire, et ils ramenaient tout au denier. Les Juifs, au contraire, s’obstinaient à tout rapporter au sicle. Offrir un sicle à un romain, c’était lui présenter une monnaie qu’il tenait à honneur de ne pas connaître. Offrir un denier au temple, c’eût été un scandale : jamais un israélite ne l’eût osé : de là les changeurs, (nummularii) aux portes du temple, comme auprès des bureaux des douaniers. Les écrivains du Nouveau Testament ne devaient pas confondre l’impôt payé au temple, qui était un demi-sicle, et la valeur du cens, impôt de capitation, payé à César. Ces