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Page:Meignan - Les évangiles et la critique au XIXe siècle, 1864.djvu/212

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206 LES ÉVANGILES.

à cinq centimes. Le ministre réclamait donc quatre vingts francs ! C’est précisément dans la différence de cinquante millions à quatre-vingt francs, que se trouve le contraste entre l’indulgence du roi et la dureté de son ministre.

Il est souvent question du denier dans l’Evangile. Le fait s’explique aisément. Une quantité considérable de deniers avait été importée en Palestine par les Romains : ils avaient été échangés contre les productions de la Syrie, en particulier contre l’huile, les dattes, le baume, les parfums incomparables de la Judée. Le baume de ce pays n’avait point de rival dans tout l’Empire romain. Josèphe raconte que Jean Giscale réalisa une énorme somme d’argent en vendant dans la Syrie l’huile de la province de Galilée. L’amphore, qu’on se procurait dans le pays pour une drachme, valait en Syrie huit fois plus. On comptait à Jérusalem par deniers aussi bien qu’à Rome. Voyons si l’Evangile parle judicieusement de cette monnaie. Il est question du denier dans saint Matthieu (XXII , 15), à l’occasion de l’impôt. Je vous disais, dans la dernière leçon, que lorsque les Romains devinrent maîtres de la Palestine, ils la soumirent à l’impôt. Quel était cet impôt ? Il a plusieurs fois varié, comme nous l’apprend Josèphe 1. Il fut d’abord la capitation, un denier par tète. Cela dura jusqu’à la destruction de Jérusalem. Alors les Juifs ne furent plus soumis à la capitation, au cens, κήνσος, mais à l’impôt, φόρος. De

1 Antiq. juives, XVIII, 1, 2 ; Bellum judaic., II, 6, 5 ; XVII, 1.