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Page:Meignan - Les évangiles et la critique au XIXe siècle, 1864.djvu/275

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TREIZIÈME LEÇON. 269

Jésus-Christ, pendant sa vie, comptait déjà de nombreux disciples, aussi bien à Jérusalem que dans la Galilée. Au lendemain de la Pentecôte, le nombre des convertis croissait merveilleusement ; en quelques jours, selon les actes, il s’élevait au delà de huit mille. Eh bien ! Messieurs, croyez-vous que les nouveaux chrétiens étaient indifférents aux lieux marqués par le sang qui les avait rachetés ? Vous ne pourriez le penser sans méconnaître la puissance du sentiment religieux.

On peut s’assurer que les premiers chrétiens étaient conduits aux stations de la passion par la grandeur et par la sainteté des souvenirs, que le père y menait son enfant et lui faisait là l’histoire des derniers jours du Sauveur ; que l’enfant ouvrait sa mémoire et son cœur aux récits émouvants de son père et les y gravait pour jamais. Les choses demeurèrent ainsi jusqu’à la prise de Jérusalem par Titus. Quand les chrétiens virent les Romains étendre de proche en proche autour de Jérusalem les lignes de circonvallation, quand ils virent le temple souillé par des rixes sanglantes, ils se souvinrent de ces avertissements du Seigneur : « Quand vous verrez l’abomination de la désolation dans le lieu saint, fuyez sur les montagnes, fuyez vite : que celui qui est aux champs ne retourne point à sa maison... Malheur aux femmes enceintes !... » Ils quittèrent donc cette ville condamnée à tant de désastres et se retirèrent à Pella. Eusèbe nous apprend qu’ils retournèrent à Jérusalem quand sa ruine fut consommée, et que pendant les trente années qui sui¬