Page:Meignan - Les évangiles et la critique au XIXe siècle, 1864.djvu/289

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ils ont dit : les Evangiles sont une imposture. C’est là le mot de Voltaire, leur coryphée. Il était difficile de méconnaître longtemps et d’une manière si injuste le caractère du fondateur du Christianisme et de ses apôtres. Aussi les déistes, et plus éloquemment que tous les autres, Rousseau, protestèrent contre cette grossière calomnie, et confessèrent la majesté et la sincérité des Evangiles. Ils n’en acceptaient toutefois que l’élément naturel et rejetaient les miracles. — C’était là un défaut de logique. Pourquoi rejeter la moitié d’un livre, la moitié d’un fait attesté par des témoins sincères dont le récit ne peut être scindé ?

Cette difficulté fut relevée et abordée par divers esprits. On imagina, pour y échapper, plusieurs systèmes ; et, pour les défendre, diverses écoles exégétiques se fondèrent.

Semler et Paulus nièrent la présence de deux éléments différents dans la Bible, de l’élément naturel et de l’élément surnaturel ; ils ramenaient tout au premier. Le miracle, selon eux, n’était que l’exagération d’un fait naturel. De là, des explications forcées, impossibles, rejetées par le bon sens public. Si les apôtres étaient reconnus dignes de foi, il ne fallait point ainsi torturer et défigurer leurs témoignages. La multiplication des pains, la résurrection de Lazare, la résurrection de Jésus-Christ sont des miracles qui ne peuvent, si l’on respecte les écrivains de l’Evangile, être ramenés à des faits naturels. — On recourut alors à un système qui, à travers