Ce n’était l’usage de nommer un auteur, ni chez les ennemis, ni chez les défenseurs du christianisme. Ainsi saint Cyprien, si l’on en excepte son livre des témoignages contre les Juifs, ne nomme jamais dans ses ouvrages les auteurs des textes qu’il cite et qu’il emprunte à la sainte Ecriture. Saint Cyrille d’Alexandrie en a agi de même. Saint Clément ne nomme que deux ou trois fois les évangélistes dont il répète textuellement les paroles. J’aurais pu, Messieurs, pour en revenir à Celse, multiplier les citations. Celles que j’ai faites suffisent pour vous convaincre qu’il regardait comme étant l’œuvre des apôtres les livres du Nouveau Testament. Il est donc vrai que, cinquante ans après la mort de saint Jean, non-seulement nos Evangiles étaient connus des chrétiens, mais même des païens ; que, de plus, ces derniers n’avaient jamais élevé un doute sur leur authenticité. Eh bien ! Messieurs, j’affirme que si, à cette époque, il était impossible aux ennemis du christianisme d’attaquer l’origine de nos Evangiles, de leur donner pour auteurs des faussaires, il est mille fois plus impossible aux ennemis du christianisme, au dix-neuvième siècle, de tenter avec succès une pareille entreprise. J’en appelle aux adversaires du second siècle contre ces adversaires d’aujourd’hui. « Salus exinimicis nostris. » Je ne veux d’autre preuve de l’antiquité de nos Evangiles, disait saint Jérôme, que les aveux de Celse et de Porphyre. C’est cette preuve que je vous ai donnée, Messieurs : je n’en veux point fournir d’autre aujourd’hui.
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