Page:Meignan - Les évangiles et la critique au XIXe siècle, 1864.djvu/376

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Ses parents étaient grecs de nation et, tout le fait croire, dans une position aisée, ils demeuraient en Samarie, à Flavia-Neapolis, l’ancienne Sichem, aujourd’hui Naplouse.

Vespasien voulant repeupler la Judée, y avait appelé des colons romains, et c’est à ce titre que les parents de Justin y étaient venus. Ils étaient idolâtres comme les autres colons : Justin fut donc élevé au sein du paganisme. Mais, Messieurs, la foi au polythéisme était profondément ébranlée partout au commencement du second siècle de notre ère. Justin sentit de bonne heure le doute envahir son âme, et il devint justement inquiet de la vérité religieuse. Il se mit courageusement à sa recherche. Ne la trouvant pas dans la mythologie et son culte immoral, il s’adressa à la philosophie. Il se fit d’abord le disciple d’un philosophe stoïcien ; mais celui-ci lui déclara qu’il ne pouvait lui donner de grandes lumières ni sur les origines des choses, ni sur la nature impénétrable de Dieu, et que c’étaient là des questions secondaires et presque inutiles. Les stoïciens qui s’occupaient surtout de morale pensaient, en effet, à cet égard, comme les positivistes de notre temps, qui écartent de leurs études celle des origines, et ne veulent prendre pour point de départ que des faits, ainsi qu’ils disent, ou plutôt des effets ; comme si un philosophe ne devait pas, sous peine d’abdiquer, remonter nécessairement aux principes.

Justin comprit que le stoïcisme ne pouvait satisfaire son impérieux désir de connaître, et il quitta son premier