Page:Meignan - Les évangiles et la critique au XIXe siècle, 1864.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

48 LBS ÉVANGILES.

nature : il en donne une notion fausse, capable d’égarer des lecteurs inattentifs. De cette définition fausse il déduit des conséquences contraires à la possibilité des miracles.

Selon lui les lois de la nature ne seraient rien autre chose que Dieu lui-même. Partant du dogme de l’immanence de Dieu dans la nature, dogme que nous admettons avec lui au sens où l’admettait saint Paul, lorsqu’il a relevé la vérité de cette parole appliquée à Dieu : In te movemur et sumus, partant, dis-je, de l’immanence de Dieu dans la nature, le protestant radical suppose que les lois de la nature sont Dieu lui-même. C’est là, Messieurs, une assertion qui, dans le sens rigoureux que lui donne l’auteur, tend à identifier Dieu et la nature. Aussi prétend-il déduire de cette notion erronée un argument contre les miracles. Voici son raisonnement. Les lois de la nature sont Dieu lui-même : d’autre part, le miracle est un fait qui s’accomplit par une cause supérieure aux lois de la nature ; donc le miracle est surdivin. Mais le surdivin implique une évidente absurdité. Il n’y a rien, et il ne peut rien exister au-dessus de Dieu. Les miracles sont donc absurdes.

Ce n’est là, Messieurs, qu’un jeu de mots et un sophisme. Parce qu’un roi est toujours maître de la loi qu’il a faite, il n’est point supérieur à lui-même. Si la loi est le prince, l’exception qu’il y introduit est encore le prince. Il est également souverain dans les deux cas. Alors même que les lois de la nature seraient Dieu lui-même, il