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Page:Meignan - Les évangiles et la critique au XIXe siècle, 1864.djvu/80

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74 LES ÉVANGILES.

lui, n’interviendra point extraordinairement, c’est-à-dire dans des cas infiniment rares, quand l’homme ne viendra point, par son activité libre, varier les conditions de l’expérimentation , quand l’animal, quand l’être organisé ou non ne produira ni un excès ni une diminution des forces physiques qui seront en jeu, les résultats d’une expérience : ne variront pas, les mêmes causes produiront les mêmes effets. Voilà le principe de la science. Or les miracles ne détruisent point ce principe. Loin de là, elles le supposent. C’est l’uniformité et la constance des effets et des causes dans la Nature qui nous permet de remarquer et de constater l’action extraordinaire de Dieu.

La science à son tour ne supprime point les miracles ; et la géologie en particulier nous fait toucher du doigt le plus grand de tous, la création surnaturelle des premiers animaux et des premières plantes. L’objet de la science, sans doute, n’est pas la constatation des miracles : autre est un traité de physique, autre un traité de religion. Mais il m’est impossible de voir comment elle l’exclut.

Si le miracle était un fait tellement commun qu’il arrivât tous les jours et à toute heure : on comprendrait peut-être la mauvaise humeur des savants dont il dérangerait les prévisions, et qu’il mettrait dans l’impossibilité de rien annoncer à l’avance. La science ne formerait plus alors que des conjectures que les événements pourraient toujours démentir. Mais, Messieurs, le mot miracle, par son étymologie, indique un fait nécessairement très-rare,