Page:Meilhac et Halévy, La Diva.djvu/36

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––––––Mais en quantité si modique
––––––Qu’il vaut mieux ne pas en parler.
––––––Va-t’en donc, ô jeune ouvrière
––––––Qui veux guérir du mal d’amour,
––––––Va-t’en donc chez la charbonnière,
––––––Y en a une au fond d’la cour.
II
––––––Si vous allumez un fourneau,
––––––L’air devient pauvre en oxygène :
––––––Au bout d’un instant ça vous gêne,
––––––Ça vous prend d’abord au cerveau…
––––––Puis vient la mort… elle est surtout
––––––Due à l’oxyde de carbone
––––––Dont l’influence n’est pas bonne,
––––––Oh ! mais là, pas bonne du tout.
––––––Va-t’en donc, ô jeune ouvrière,
––––––––––––––––––Etc.

Voilà que ça vient, les forces m’abandonnent… Demain, ô Émile, tu liras ça dans le Petit Journal… Je suis sûre que ça te fera quelque chose, car ton cœur est bon… Tu accourras rue Rochechouart, et tu demanderas à la portière : Est-il temps encore ?… (En disant ces dernières lignes, elle a remonté jusqu’à son lit. Elle s’y laisse tomber.) et la portière te répondra : Non, Émile, il n’est plus temps… Et tout ce que tu pourras faire, ce sera de porter des fleurs sur ma tombe, sur la tombe de l’ouvrière… Ça ne t’amusera pas d’acheter des fleurs, parce qu’au fond tu es rat… Ton cœur est bon, mais tu es rat… (S’affaiblissant de plus en plus.) Je me souviens, une fois, nous étions en omnibus tous les deux… toi en l’air, moi dans l’intérieur… et tu m’as très-bien laissé payer mes six sous… oh ! mais très-bien Tu étais rat, mais je t’aimais…

Sa voix s’éteint, sa tête retombe. La porte de le chambre dans laquelle Galuchet était enfermé s’ouvre. Entre Galuchat, pâle et décomposé ; puis, après Galuchet, Rafaël dans le même état.