Page:Meilhac et Halévy - Théâtre, III.djvu/177

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LA BARONNE.

Je vous ai demande si vous connaissiez madame de Lauwereins et madame de Méran, vous m’avez répondu : « Parfaitement ».

LOLOTTE.

Mais… sans doute !… ces deux dames viennent presque toujours au théâtre ensemble et elles font un tapage !… et puis, tapage à part, de la scène à l’avant-scène on se connaît parfaitement : on ne s’est jamais parlé, cela est vrai, peut-être même ne se parlera-t-on jamais, à moins qu’une circonstance exceptionnellement heureuse, comme celle à laquelle je dois en ce moment l’honneur… on ne s’est jamais parlé, jamais on ne se parlera, mais on se connaît. Avant d’entrer en scène, nous ne manquons jamais de regarder par le trou de la toile… afin de voir s’il y a, dans les loges ou à l’orchestre, quelqu’une des personnes que nous sommes habituées à y voir et par qui nous savons que notre façon de jouer est particulièrement goûtée… c’est ce que nous appelons avoir notre salle…

LA BARONNE.

Écoutez… cette idée me vient encore… c’est que, malgré ce que je vous ai dit, vous ne voulez pas absolument vous mettre à votre aise…

LOLOTTE.

Mais je vous assure que je suis…

LA BARONNE.

Ce n’est pas que cela m’étonne de vous voir si parfaitement distinguée… mais il y a une telle différence entre la personne que j’ai là en face de moi et celle que j’ai vue, avant-hier, au théâtre, dans le orle de la Petite Naturaliste !…