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Page:Meilhac et Halévy - Théâtre, III.djvu/279

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ACTE DEUXIÈME.

disparu… Ne vous avais-je pas chargé de lui faire quelques observations ?

LE COMTE.

Après la disparition de sa troisième femme, je suis allé le trouver… et, pour entamer la conversation : « C’était une bien digne femme que feue Isaure de Valbon, lui ai-je dit. — Oui, m’a-t-il répondu, une bien digne femme, mais c’était toujours la même chose… » Je n’ai pas cru devoir aller plus loin.

BOBÈCHE.

Tu as bien fait… Il me semble, cependant, que tant de crimes ne peuvent rester impunis… Cinq femmes !…

LE COMTE.

Oui, sire, il a fait disparaître cinq femmes… tout comme moi, par votre ordre, j’ai fait disparaître cinq…

BOBÈCHE, se levant et passant à gauche.

Oses-tu comparer la conduite d’un roi qui commande à cent vingt millions d’hommes à celle d’un méchant petit prince, qui n’a pas trois mille sujets ?…

LE COMTE.

Sire !…

BOBÈCHE.

Tu vois… tu ne l’oses… Il faut sévir… et nous sévirons !

LE COMTE.

C’est qu’il a des canons, le sire de Barbe-Bleue !… Tandis que vous… vous n’en avez pas !

BOBÈCHE.

Comment, je n’en ai pas ?…

LE COMTE.

Dame, l’an dernier, vous avez tenu à avoir votre statue équestre… Tous vos canons y ont passé.