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ACTE TROISIÈME.

si chaque fois que vous avez dit cela, il vous était tombé un doigt, n’est-ce pas qu’aujourd’hui vous seriez diablement embarrassé pour tenir votre royale fourchette ?…

BOBÈCHE, à part, retirant sa main.

Cette femme !… cette femme !…

POPOLANI.

À qui le tour, maintenant, à qui le tour ?

BOULOTTE, à Barbe-Bleue, qui s’approche d’elle.

À vous, messire, si vous le voulez !

BARBE-BLEUE, donnant sa main à Boulotte.

Je ne demande pas mieux.

BOULOTTE, regardant la main.

Une jolie bague à votre main…

BARBE-BLEUE.

Simple… mais de bon goût.

BOULOTTE.

Mais pourquoi du sang sur cette bague ?… Pourquoi du sang ?…

BARBE-BLEUE.

Du sang ?…

BOULOTTE.

Vous ne le savez pas ?… je vais vous le dire… c’est parce qu’il y a une heure, cette bague était au doigt de la malheureuse Boulotte, et que la malheureuse Boulotte est morte empoisonnée !…

Mouvement général.

BARBE-BLEUE, retirant sa main.

Holà, sorcière !

BOULOTTE.

Voilà pourquoi il y a du sang sur cette bague !

TOUS.

Horreur !… horreur !…

Les bohémiens agitent avec fureur leurs tambours de basque.