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Page:Meilhac et Halévy - Théâtre, V.djvu/291

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ACTE TROISIÈME
PIQUILLO
Je veux bien.
LA PÉRICHOLE.
Écoute alors, écoute et ne dis rien :
I
Tu n’es pas beau, tu n’es pas riche,
Tu manques tout à fait d’esprit ;
Tes gestes sont ceux d’un godiche,
D’un saltimbanque dont on rit.
Le talent, c’est une autre affaire :
Tu n’en as guère, de talent…
De ce qu’on doit avoir pour plaire
Tu n’as presque rien, et pourtant…
PIQUILLO.
Et pourtant ?
LA PÉRICHOLE.
Je t’adore brigand, j’ai honte à l’avouer ;
Je t’adore et ne puis vivre sans t’adorer.
II
Je ne hais pas la bonne chère…
On dînait chez ce vice-roi,
Tandis que toi, toi, pauvre hère,
Je mourrais de faim avec toi !
J’en avais chez lui, de la joie ;
J’en pouvais prendre tant et tant ;
J’avais du velours, de la soie,
De l’or, des bijoux, et pourtant…
PIQUILLO.
Et pourtant ?…
LA PÉRICHOLE.
Je t’adore, brigand, j’ai honte à l’avouer ;
Je t’adore et ne puis vivre sans t’adorer.
PIQUILLO.
C’est la vérité, dis ?
LA PÉRICHOLE.
C’est la vérité, dis ? C’est la vérité même.